Voici venu le temps de faire le bilan, calmement comme le dis les Neg marrons ;p
Alors oui 6 mois c'est court et c'est long à la fois. D'un côté, on commence à ressentir le manque de la métropole, surtout quand on voit des photos de jardins ou de paysages enneigés... et d'un autre, on s'est tellement bien acclimaté au territoire guyanais qu'on a pas vu le temps passer.
Pour résumer ces 6 mois passés en Guyane, je dirais que la clef est de s'habituer (ou d'essayer). C'est terrible à dire mais oui, on s'est habitué à pratiquement tout ce que la Guyane a de pire et de meilleur à nous offrir. S'habituer ne voulant pas dire être blasé, bien au contraire :)
On s'habitue à voir de magnifiques morphos et des colibris depuis notre balcon (voire même un iguane de temps en temps!). On s'habitue aux lancements de fusée, on en a même raté quelque-uns par ce que la flemme tout simplement, même si cela reste un superbe spectacle en soit. On s'habitue au fait d'aller prendre le goûter à la plage comme ça sur un coup de tête parce que c'est à 5mn en voiture. On s'habitue à sortir la barque un mercredi ou un dimanche pour passer la journée en carbet sur le fleuve. On s'habitue à la gentillesse des guyanais qui nous salue dans la rue avec un "bonjour, ça va?" même si on ne les connait pas. On s'habitue au climat et à l'humidité, on est même content quand il pleut car il fait moins de 30 c° et on revit! On s'habitue à entendre parler créole, le portugais brésilien, l'anglais, le russe, le saramaca, l'espagnol dans la rue, tout les jours :) On s'habitue aux trottoirs en sable même si on en met partout dans nos tongs et dans l'appart...
En revanche, on s'habitue aussi à la pauvreté qui nous avait choqué lors de notre arrivée... On s'habitue à voir des enfants en couche sans vêtement qui joue dans la terre battue de certains quartiers laissés à l'abandon. On s'habitue à voir des mamans laver leur linge dans de grosses bassines ou couper leur viande au pied des immeubles. On s'habitue aux chiens errants dans un état lamentable. On s'habitue aux parents qui transportent 2, 3 voir 4 enfants sur un vélo ou un scooter pour les emmener à l'école. On s'habitue aux nombreux auto-stoppeurs qui guettent matin et soir les voitures qui pourraient les emmener à Cayenne ou ailleurs... On s'habitue aux déchets laissés partout sur les bords de route, les rues...
En bref, cela reste assez frustrant d'être témoin de tant d'inégalités sociales... Il faut parfois expliquer aux enfants pourquoi certains camarades de classe n'ont pas eu de cadeau à Noël par exemple et c'est difficile pour eux de tout saisir... Mais en même cela les aide à relativiser, à partager et à faire preuve de plus d'entraide ! Nous réalisons aussi la chance que nous avons de pouvoir vivre sur ce petit bout d'Amazonie pendant encore quelques années et surtout la chance que nous offrons à nos enfants de pouvoir découvrir un mode de vie complètement différent dans un lieu (bien que français) très dépaysant !
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