Toujours pendant les vacances de la Toussaint, nous sommes allés passer 3 jours à Saint-Laurent-du-Maroni. Sans nulle doute ma ville préférée de Guyane ! Au programme : visite du camp de la transportation, restau à bord d'une goélette échouée et surtout participation au Art Pasi Festival, qui rassemble arts de rue et arts du cirque en bord de fleuve.
Le dernier jour, nous avions réservé une excursion d'une journée avec Maroni Tours, de Saint-Jean (20mn de Saint-Laurent) à Apatou. John Dimpaï, un piroguier et guide bien connu depuis des années en Guyane, nous a fait découvrir les villages noirs-marrons appelés "kampoe" disséminés le long du fleuve.
Un kampoe est plus petit qu’un village. Ce sont des hameaux familiaux sur les bord du fleuve abritant une ou plusieurs familles. Le seul moyen d’accès est le fleuve, par voie de navigation en pirogue traditionnelle.
Nous partons dans la matinée du Dégrad de Saint-Jean dans une longue pirogue à moteur, appelée "fileuse". Un premier arrêt sur l'île Portal, situé à quelques kms au sud de Saint-Jean. D'une superficie de 27km², elle abriterait une centaine d'habitants. Officiellement française, la frontière avec le Surinam se trouverait juste entre elle et l'île Stoelmans (surinamaise). En réalité, personne ne sait vraiment où se situe la frontière puisque le Maroni est sensé être la frontière entre Guyane et Surinam. Pour les populations présentes sur ces îles et îlets, cela n'a pas vraiment d'importance car ils sont avant tout habitants du fleuve Maroni.
Après avoir approché un gros rocher présentant des gravures amérindiennes, nous débarquons sur l'île Portal. John nous fait une petite visite guidée et nous montre de nombreuses plantes en expliquant leurs propriétés. Notamment les graines de roucou, qui une fois écrasées ont servi pendant longtemps (et servent toujours) de peinture corporelle aux amérindiens de Guyane. Enfants comme adultes ont pu casser une petite coque de roucou pour y écraser les graines qu'elle contient avec un bâton. Ce même bâton sert ensuite de pinceau pour appliquer le colorant rouge carmin ainsi obtenu !
Nous repartons ensuite direction Apatou, avec un arrêt dans un autre village noir-marron pour découvrir la fabrication des pirogues directement taillées dans un tronc d'arbre. Les Bushinenge sont connus en Guyane et au Surinam pour leurs compétences ancestrales de navigation grâce à leurs pirogues longues et étroites adaptées au passage des sauts. Il faut savoir que les pirogues représentent le seul moyen de transport pour les habitants du fleuve Maroni, notamment pour les enfants qui rejoignent les écoles de Saint-Jean, Saint-Laurent, Apatou, ou Maripasoula en pirogue scolaire (pour en savoir plus, lire l'article de l'archéologue Sophie François : Les pirogues du Maroni).
Bushinenge : littéralement, les « Noirs des forêts », aussi appelés « Noirs marrons » populations d’origine africaine qui ont déserté les grandes plantations de la Guyane hollandaise dès le début du XVIIe siècle et se sont installées sur les deux rives du Maroni.
Après cette visite, nous rejoignons Apatou, capitale de l'art Tembé. John nous fait débarquer de la pirogue et nous traversons la ville en sa compagnie pendant que son takariste passe le saut. Nous le retrouvons de l'autre côté de la ville et nous partons pour le saut Hermina. Le passage du saut demande une certaine dextérité de la part de John et de son takariste qui manie la pagaie de manière à prendre appui sur les rochers pour faire tourner l'avant de la pirogue. La technique est assez impressionnante mais semble être une simple routine pour ces hommes du fleuve !
Arrivés sur un petit îlet situé quelques mètres après le saut, tout le monde débarque pour la pause pique-nique. Comme il faut chaud sur la pirogue et que nous n'avons pas emporté assez d'eau... nous nous baignons dans une petite piscine naturelle formée de rochers pour tenter de nous rafraîchir ! L'eau est aussi chaude que celle du bain mais nous passons un bon moment avec les enfants :)
En début d'après-midi, John nous invite à reprendre place à bord de la pirogue et coupe une grosse pastèque en tranche, qu'il offre à chaque passager. La meilleurs pastèque de ma vie, au vue de la soif qu'on avait tous !!
Après un retour assez mouvementé sous la pluie et l'orage, nous rejoignons le Dégrad de Saint-Jean ! Trempés, assoiffés mais heureux d'avoir découvert le fleuve Maroni, très différent du Kourou dont nous sommes habitués :)
Avis des parents : découverte d'un fleuve et de ses habitants, au travers de leurs savoir-faire, mais aussi de la faune et de la flore d'Amazonie.
Avis des enfants : une balade un peu longue pour les jeunes enfants surtout en plein soleil. Les plus grands ont apprécié les explications du guide, notamment la peinture aux graines de roucou. Tous ont adorés se baigner pour se rafraîchir !
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