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Photo du rédacteurannemarieLF

Saül, au cœur de l'Amazonie

Dernière mise à jour : 4 sept. 2019

La saison des pluies a enfin débuté en Guyane !! Alors pourquoi ne pas tenter une aventure entre filles au cœur de l'Amazonie française ? Fin mai, nous sommes donc partie à deux, avec une amie parisienne, pour 2 jours de randos depuis le bourg de Saül.


L'Amazonie vue du ciel

Cette petite bourgade de 150 habitants, se situe à 180km au sud de Cayenne. Elle est donc accessible uniquement par les airs depuis l'aéroport de Cayenne (environ 35mn de vol) mais aussi depuis Saint-Laurent du Maroni. L'aller fut plus long dans notre cas, en raison d'une connexion à Maripasoula, ville frontalière du Surinam et du Brésil (12 000 habitants). Mais ce fut l'occasion d'admirer l'étendue de la forêt amazonienne et les affluents ou fleuves de Guyane depuis notre petit avion de 15 places...


Le village de Saül


L'atterrissage à Saül surprend un peu car la piste est en latérite, une pierre rouge qui couvre toutes les routes non goudronnées de Guyane. Et l'aéroport est plus que basique bien qu'il ait son charme. On se croirait arrivé au Far West, s'il n'y avait pas les quads! Une fois les bagages livrés (ils sont en fait laissés sur un chariot et chacun se sert!), il y a deux possibilités pour rejoindre le village, une navette qui prend la route pour 5€ par passager ou le raccourci par la forêt que nous avons choisi.


En 20mn, nous traversons donc une petite forêt ainsi qu'un champs pour enfin arriver au centre de Saül. Le village est assez déroutant, toutes les habitations sont en bois mais bénéficient de l’électricité grâce aux panneaux solaires. Les rues sont en terre de latérite et quand il pleut c'est la gadoue ! Pas étonnant que ses habitants portent tous des bottes en caoutchouc. D'ailleurs, il faut enlever ses bottes (ou ses chaussures) avant de rentrer dans n'importe quel commerce ou restaurant! On fait donc ses courses en chaussette ;)


Le premier arrêt se fait à la Maison du Parc Amazonien, pour connaître l'état des sentiers de randonnée. Avant de discuter avec le garde, nous regardons l'affichage... Il est indiqué que le jaguar est de retour au village et que les habitants peuvent se rapprocher de la la Maison du Parc pour savoir quoi faire s'il pénètre sur leur propriété... Rassurant. Le garde très sympa nous explique quels chemins faire en fonction de la durée de notre séjour. Comme il pleut et qu'on risque de croiser des serpents pas très sympas, on lui demande quoi faire au cas où.


Puis nous allons nous ravitailler à l'épicerie du coin, avant de rejoindre le gîte de Kami où nous allons passer 3 jours et 2 nuits. Ce gîte est situé un peu à l'extérieur du village, sur la propriété dudit Kami, un Monsieur sympa et discret. Le carbet que nous occupons est bien entretenu, et assez grand pour accueillir 8 personnes. A proximité, se trouvent un carbet cuisine et un carbet sanitaire, le tout dans un jardin verdoyant plein d'arbres fruitiers. Nous avons la chance d'être les seules à installer nos hamacs pour notre première nuit. Un autre carbet composé d'une terrasse-cuisine et d'une chambre fermée est occupé par un couple. Nous faisons chauffer l'eau pour préparer notre repas gastronomique : soupe chinoise, et au dodo !


Le lendemain matin, Kami nous apporte le petit-déjeuner composé de pain frais, beurre, confiture, un grand thermos de café et des bananes de son jardin. Nous lui demandons où trouver des sandwiches pour le midi et il nous explique qu'il n'y a déjà plus de pain à Saül. Comme toute la ville est fournie par les airs cela arrive assez souvent apparemment. Du coup, ce sera chips et œufs durs de la veille...


Nous partons tranquillement pour 9h00, sans oublier de passer par la gendarmerie pour prévenir de notre départ. Il faut également indiquer le sentier que nous allons emprunter, laisser nos coordonnées téléphoniques etc... Tout ça au cas, où l'on ne rentrerait pas à l'heure... ou pas du tout !



Sentier Roche Bateau


Le sentier de Roche Bateau débute derrière l'aéroport de Saul. On y accède par le raccourci emprunté le jour suivant lors de notre arrivée. C'est parti pour 14km que nous devrions parcourir en 7 heures !

Roche Bateau | Crique Nouvelle-France

Les trois premières heures furent assez rudes car le sentier est très vallonné mais cela valait le coup d'atteindre la crique Nouvelle France et sa roche Bateau, qui est comme vous l'avez deviné est un rocher en forme de proue de bateau ;p A partir de là toutes les 20-40mn environ, on atteint des sites aménagés le long de diverses criques.

Tout d'abord, un figuier étrangleur immense puis plus loin un site d'occupation amérindienne, avec des traces de polissoirs en bord de rivière.



Puis un autre site, Point Chaud, situé près d'une crique aménagé de carbets (cuisine et dortoir de 50 personnes voir plus!). Nous nous sommes arrêtés là pour le pique-nique puis pour prendre le temps d'une baignade dans la crique. Il n'y avait personne !



A environ 1h30 de marche avant la fin du sentier, dernier arrêt à la crique Popote. Ici, vit une famille et ses enfants et petit-enfants depuis les années 90. Très accueillants, ils ont construit leurs habitats en flanc de colline et au bord de la crique dite "popote". Il s'agit également d'un ancien site amérindien avec de nombreuses traces de polissoirs en forme de fuseau.

Crique popote

Le temps de boire une bière avec la propriétaire qui nous explique son mode de vie en forêt depuis des années avec son mari et sa famille. Ils ont tous pour vivre en parfaite autarcie, des poules, des canards, des oies, un four à pain, des arbres fruitiers qui leur permettent de confectionner des confitures. Un vrai petit paradis ! Dont on peut profiter puisque le gîte Kanawa construit à quelques mètres de chez eux a été aménagé par leur soin pour les randonneurs de passage. Un grand carbet de 20 personnes, équipé d'une cuisine au feu de bois et toujours en bord de crique. L'endroit est tellement idyllique que j'y retournerais bien un jour avec les enfants !!


Il a donc bien fallu repartir car il nous restait 1h30 de marche et l'après-midi était déjà bien entamé ! En quittant la crique Popotte, la pluie s'est mise à tomber... et les serpents sont sortis prendre le frais !! Mon amie marchait devant moi et a posé le pied sur un serpent liane qui était étendue de tout son long en travers du sentier... Celui-ci imperturbable a continué sa route pour monter dans un arbre (voir vidéo ci-dessous).



Puis quelques mètres plus loin, elle marche sur un jeune grage de 20cm environ. Celui-ci s'est tout de suite énervé et s'est mis en position d'attaque. Il n'a pas du tout aimé qu'on lui marche dessus !! Comme il était entre nous deux au milieu du sentier, nous avons appliqué les conseils du garde du parc amazonien et nous lui avons lancé des bâtons pour le faire fuir... Résultat : il s'est encore plus énervé !! Finalement, 2ème solution donnée par le garde : faire un détour par la forêt, en espérant ne pas marcher sur un autre serpent...

Grage petit carreau ou Bothrops Brazili = serpent de la famille des viperidae dont le venin est hémotoxique (vénimeux et potentiellement mortel). Il est assez grand, avec un corps massif et une tête triangulaire. Marron clair à jaune avec des triangles noirs disposés régulièrement sur les flancs.  Son ventre est ivoire. Il peut atteindre 1,3 m de long. Il est assez rare en Guyane. 

Nous avons poursuivi notre route toujours sous le déluge avec le coupe-coupe à la main !!! Arrivés à Saul, nous avons rencontré un guide local avec qui nous avons bu une bière à l'épicerie du coin. Il nous a conseillé un bon restaurant pour le soir même et appris beaucoup sur sa vie au cœur de la forêt !


Une bonne douche et un bon repas plus tard, nous voici dans notre hamac pour une nuit de sommeil bien mérité !! Programme du lendemain : une petite rando de 5km sur le sentier Gros Arbre.


Le lendemain, nous reprenons notre petit déjeuner sous le carbet cuisine et nous observons amusées un espèce de gros furet noir voler des bananes dans le jardin de Kami. Il sort doucement de la forêt, attend que la voie soit libre et court jusqu'au bananier le plus proche. Puis il repart comme un voleur avec la bouche pleine de bananes !! Les singes capucins se battent dans les arbres qui entourent la propriété.



Notre vol est prévu à 16h00 aussi, nous commençons à décrocher nos hamacs. D'autant que Kami notre hôte nous a prévenu qu'un groupe arrivait ce soir. On se dit qu'on a de la chance d'avoir pu profité du carbet seules :) c'est toujours mieux de pouvoir faire une nuit complète sans ronfleur !!


Sentier Gros Arbres


Vers 10h00, nous partons donc sur le sentier Gros Arbres. Sur seulement 5km et donc environ 2 heures de marche nous traversons des layons immergés car il a beaucoup plu la veille... Nous comprenons donc pourquoi les gens d'ici randonnent en bottes.


Le sentier Gros Arbres nous permet de voir de très gros arbres effectivement surtout un ficus étrangleur comme celui aperçu la veille et un sablier géant. Malheureusement l'accès au chemin qui entoure le sablier était inondé donc impossible de l'emprunter sans s'immerger jusqu'aux genoux !! On l'a donc admiré de loin ! Bref, un sentier que l'on parcourt rapidement, idéal avec les enfants car peu de dénivelé.


Comme il était déjà 12h00, nous sommes repartis chez Kami finir de remballer nos affaires. Une dernière soupe chinoise avant de rejoindre l'aéroport et nous étions déjà dans notre avion, un vol direct pour Cayenne sans passer par Maripasoula cette fois ! Après avoir passé un peu plus de 48h dans ce petit bourg au milieu de l'immensité amazonienne, nous étions un peu déçues de rejoindre aussi vite la côté très urbanisée de la Guyane... La prochaine fois, nous resterons plus longtemps, car il faut je pense au moins 3 journées complètes voire plus pour profiter de Saül et de ses sentiers de randonnée.



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